Notre Dame du Rocher

IIIᵉ DIMANCHE DE l'AVENT

IIIᵉ DIMANCHE DE l'AVENT
Soyez dans la joie
 La prophétie d’Isaïe, que nous méditons en ce dimanche de la joie (dimanche du Gaudete), annonce trois réalités : la joie de contempler bientôt la gloire du Seigneur, la force retrouvée parce que vient le temps de la justice divine, et enfin la libération grâce au rachat offert par Dieu.
Selon les exégètes, ce texte est un poème évoquant le retour d’exil, à rapprocher de la deuxième partie du livre d’Isaïe, appelée « livre de la consolation » (chapitres 40 à 55). Ce qui est particulièrement frappant, c’est que la joie d’un événement théologique - cœur même de la révélation biblique, de l’Ancien au Nouveau Testament — se manifeste à travers un événement concret de l’histoire humaine. Ainsi, les joies de la vie peuvent être lues, dans la foi, comme une anticipation et une participation encore partielle à la joie des retrouvailles avec Dieu à la fin des temps. À condition de ne pas refuser ce lien indéfectible entre Dieu et son Peuple, ancien et nouveau, les joies les plus simples deviennent alors l’occasion de savourer déjà quelque chose des joies divines promises.
La joie dont parle Isaïe ne se réduit ni à une exaltation psychologique, ni à la simple bonne humeur, ni à une émotion passagère.
Elle naît d’un désir profond — celui de voir la gloire de Dieu — désir longtemps entravé par l’aridité du cœur, conséquence du péché. La force annoncée comme signe de la justice divine répond, elle aussi, aux faiblesses et aux blessures de l’humanité : c’est l’attente d’un Sauveur qui donne le courage et l’espérance que Dieu balaiera le mal et l’injustice. Quant au retour vers la patrie, il suppose la prise de conscience de notre condition d’exilés, autrement dit, le désir du ciel. La mesure de notre joie dépend ainsi de la profondeur de nos attentes et de l'intensité de nos épreuves : des attentes superficielles ne peuvent engendrer que des joies petites et éphémères.
Si la liturgie de ce troisième dimanche de l’Avent nous invite à la joie, ce n’est pas pour nous faire anticiper les plaisirs d’une réunion familiale, des cadeaux ou de la bûche de Noël. Elle nous appelle à méditer sur la véritable joie qui doit nous habiter : celle du retour du Christ. Ainsi, à travers les joies de la commémoration de sa naissance, nos joies humaines et familiales peuvent devenir, par leur intensité et leur chaleur, une véritable anticipation de la joie éternelle de vivre en Dieu.
Sans cela, nos réjouissances ne seraient que l’équivalent des illuminations électriques qui parent nos villes : magnifiques, éclatantes, impressionnantes, mais si artificielles… Elles ne donneraient qu’une parenthèse passagère, sans véritable pouvoir de transformation sur nos vies.

Don Bruno
Publié le 12/12/2025