Frères et sœurs,
En ce dimanche du Christ Roi de l’univers, l’Évangile nous mène… non pas vers un palais scintillant ou une procession triomphale, mais au pied de la Croix. Pour une fête royale, disons-le avec un léger sourire : c’est un décor étonnamment modeste. Aucun sceptre, aucune garde d’honneur, pas même un tapis rouge — simplement trois croix dressées sur une colline et une petite inscription : « Celui-ci est le Roi des Juifs ». Le contraste est saisissant, presque déroutant. Mais c’est précisément là que se révèle la véritable nature de la royauté du Christ.
Sur ce trône inattendu, Jésus est interpellé trois fois : « Si tu es le Messie… ». Les chefs religieux, les soldats romains et l’un des malfaiteurs répètent la même provocation, chacun selon ses attentes : un Messie glorieux, un roi puissant, ou un sauveur utile capable de faire sauter les clous. Chacun projette sa propre idée du salut. On pourrait presque y voir une scène contemporaine : Dieu sommé d’être conforme à nos exigences, et critiqué lorsqu’il ne s’aligne pas sur nos plans.
Cette triple moquerie rappelle les tentations du désert, où le diable lançait déjà : « Si tu es le Fils de Dieu… ». Pain, pouvoir, prestige : la trilogie classique. Au désert, Jésus répondait par la Parole et tenait ferme. Sur la Croix, il répond autrement : par la miséricorde. « Père, pardonne-leur » et « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ». Le Christ Roi ne se justifie pas : il sauve. Il n’écrase pas : il relève. Il ne s’impose pas : il se donne.
Le Bon Larron nous montre la voie. Il reconnaît la vérité sur lui-même, accepte sa fragilité, et s’ouvre ainsi à la royauté du Christ. Là où nous cessons de vouloir un Dieu sur commande, nous découvrons un Dieu qui sauve réellement, tout en respectant notre liberté et en attendant notre adhésion.
Alors en ce dimanche, la question n’est pas : « Le Christ est-il Roi ? » — cela, l’Évangile le proclame. La vraie question est :
Suis-je prêt à accueillir ce Roi qui règne depuis ma croix ? Suis-je prêt à accueillir ce Roi dont la puissance est celle de l’amour miséricordieux qui se donne à moi et à tous les hommes ?
C’est ce Roi-là que nous célébrons aujourd’hui. Et c’est sous son règne que s’ouvre, déjà, le chemin du Royaume.
Paroisse