Les textes de ce dimanche sont durs. Amos dénonce ceux qui se vautrent dans le confort et l’insouciance, tandis que Jésus, dans l’Évangile, nous place devant la scène saisissante du pauvre Lazare, du riche repu, et la perspective post-mortem. Ici, l’injustice sociale que Jésus pointe n’est pas le vrai problème au fond, mais l’endurcissement inavoué du cœur.
Nous aimerions parfois que Dieu « frappe fort » pour nous convertir : un signe éclatant, une apparition, une voix du ciel qui nous enlèverait tout doute. Jésus met en garde : « Même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus. » La preuve est sous nos yeux : le Christ est ressuscité, et pourtant, combien continuent de douter, ou de rester immobiles… Ce n’est pas qu’une question de preuves, mais de disponibilité du cœur, de risquer la relation avec Dieu, et de lui demander la foi.
En réalité, l’athéisme militant ou le scepticisme affiché sont des positions instables. Le vrai problème pour nous, c’est la douce anesthésie du confort. Ce confort spirituel, psychologique et matériel qui nous enveloppe et nous dit : « Tout va bien, ne change rien. » Ici viendra tôt ou tard la mauvaise foi qui préfère préserver ses habitudes plutôt que de se laisser déplacer par la Parole de Dieu, souvent incisive, comme aujourd’hui.
Or, l’Esprit Saint nous appelle à un réveil. Non pas à des exploits héroïques ou des révolutions mondiales, mais à la simplicité de la charité concrète : un sourire, un geste d’accueil, un verre d’eau offert. Le vrai changement du monde commence dans cette humilité qui accepte la conversion, qui choisit la responsabilité personnelle plutôt que le « j’ai droit à », attitude qui conduit à « l’homme est un loup pour l’homme », contribuant subtilement à cette société qui se délite et dont tout le monde se plaint en cherchant un coupable.
Saint Paul exhorte Timothée, le jeune évêque : « Recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance, la douceur. » Voilà notre combat, le seul qui vaille : le combat de la foi. Alors, prenons à cœur cet appel de l’Église aujourd’hui : emparons-nous de la vie éternelle. Non pas demain, quand un signe nous forcera la main, mais dès maintenant, dans l’humilité et la fidélité.
Don François-Xavier