Notre Dame du Rocher

XIVᵉ DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Chers Fils et Filles,
(…)  évoquons les états d'âme de l'homme en vacances. Ils revêtent deux aspects. C'est d'abord, la disposition à une détente générale qui nait spontanément du dégagement des devoirs habituels, qu'ils soient scolaires ou professionnels, et ceci semble conforme à la nature même des vacances à la récupération, toutefois passagère, de sa propre liberté. Les vacances ne sont-elles pas, en effet, une période où l'on jouit de son propre temps, où se relâchent les liens qui normalement enchaînent notre action ? Les vacances ne sont-elles pas une période de vie spontanée guidée par la joie de vivre et de se reposer ?
Pour d'autres, par contre (…): c’est le désir de profiter de la période des vacances pour consacrer leur propre liberté à une occupation utile, parfois plus intense que l'attitude liée au travail habituel, comme un empressement à profiter de la liberté relative obtenue pour faire quelque chose de leur goût, même si c'est absorbant — comme une lecture, une cure, un voyage, une méditation. Eh bien, nous souhaitons à tous que les vacances soient vraiment des vacances, pour le repos, pour les loisirs, pour une reprise de forces et de sérénité. Mais nous prendrons soin du second état d'âme, celui qui est anxieux de profiter de la relative liberté qu'accorde ce moment de dégagement des devoirs habituels pour "une prise de conscience" au sujet de sa propre vie et pour une éventuelle remise en ordre des pensées, des devoirs qui lui sont propres.

(…) Les vacances devraient servir, outre au repos physique, à quelque travail spirituel également. Ceci d'autant plus qu'elles nous poussent à nous distraire, à nous absenter, à échapper à nous-mêmes. Elles devraient, plus encore, compter des moments de vie intérieure, de réflexion personnelle, de conscience active, de temps de silence, à l'écoute de tout le déroulement de notre vie. (…) . Et même nous engageons (les personnes) à s'accorder quelque jour, ou au moins quelques heures de méditation, quelque moment de révision et de programmation de leur propre existence. Souvent ce besoin de se concentrer s'éveille précisément aux meilleurs moments du contact de l'âme avec la révélation que fait de soi le cadre de la nature. Elle oblige, impulsivement, le spectateur à voir au-delà de ce cadre et à s'élever, par les voies de la pensée devenue contemplative et presque extatique, jusqu'à la perception du mystère réfléchi dans les choses et qui semble y palpiter.
Cet acte de concentration, pour celui qui a le bonheur de la foi, mène facilement à la prière intérieure, porte à écouter une voix, pas totalement ignorée par chacun de nous, les chrétiens, mais presque toujours réprimée, étouffée : pas une voix impérieuse, mais une voix qui invite : "viens et suis-moi" (Lc 5, 2-7). C'est-à-dire : "l'énoncé d'une exigence qui peut, à des degrés divers mais plus encore de manières différentes être satisfaite ; de toute façon une voix qui semble tracer dans le temps de notre vie un chemin direct et courageux, celui d'une authentique vie chrétienne.
Saint Paul VI, Audience générale du 12 juillet 1978
Publié le 01/07/2022