Notre Dame du Rocher

IIᵉ DIMANCHE DE CARÊME

IIᵉ DIMANCHE DE CARÊME
En contemplant Jésus, remercier Joseph
C’est aux côtés de Joseph que Jésus est devenu lui-même un travailleur. Quand il dit : « Mon Père travaille toujours et moi aussi je travaille » (Jn 5, 17), il parle de son Père des cieux bien sûr, mais l’image de Joseph vient à l’esprit, puisque Jésus l’a vu travailler dès le premier jour. En lisant l’Évangile, nous pouvons imaginer tout ce que Jésus a reçu de ce père, sa force impressionnante quand il parle devant tout un peuple « suspendu à ses lèvres » (Luc 19, 48), une généreuse attention aux foules qu’il nourrit abondamment pour qu’elles ne défaillent pas sur le chemin (cf. Mc 8, 3), le ton juste quand il corrige les apôtres, cette autorité si simple pour appeler à lui le mendiant aveugle du bord de la route, alors que les autres voulaient le faire taire (Mc 10, 42-45).
Le plus émouvant peut-être, c’est de contempler Jésus quand il fait miséricorde. Un jour, il se trouve devant la femme adultère avec tous ces hommes qui parlent de sa lapidation. J’aimerais croiser le regard du Seigneur, sentir son cœur battre lorsqu’il voit cette femme et la situation dans laquelle on l’a mise. Il doit réagir vite, et on l’entend dire aux accusateurs : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre ». Une parole claire, dite doucement sans doute, mais avec quelle force ! Il se baisse pour ne pas voir ce qui se passe, écrit sur le sol, puis se relève et demande à la femme : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » Et d’ajouter : « Moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pèche plus » (Jn 8, 7-11). Mais Jésus a dû être déçu : « Pourquoi sont-ils partis, ces malheureux ? Ils ont reconnu leurs péchés, c’est déjà beau. Mais s’ils étaient restés, j’aurais pu leur offrir aussi le pardon. Ils ont tant besoin… au moins autant qu’elle ! »
« Jésus a certainement été marqué par l’amour et la tendresse de Joseph pour sa maman ; il a vu aussi comment il se laissait aimer par elle. »
Il est clair que c’est un passage central dans l’Evangile. Ce sont les mots du Messie bien sûr, mais en voyant Jésus rendre à la femme sa liberté et l’appeler à retrouver toute sa dignité, je ne peux pas m’empêcher de penser à l’homme plein de respect et de foi qu’il a si longtemps côtoyé. Jésus a certainement été marqué par l’amour et la tendresse de Joseph pour sa maman ; il a vu aussi comment il se laissait aimer par elle. Mais il a vite compris que toutes n’étaient pas aussi saintes que Marie, et il a remarqué le regard limpide de Joseph pour toutes les femmes que l’on croisait à Nazareth. La délicatesse et la force, sa droiture et son courage d’homme, Jésus a vu et appris tout cela du chêne aux côtés duquel il a grandi, comme une jeune pousse. Pas étonnant que Joseph ait été choisi pour être le saint patron de tous les pères de famille !
Cardinal Barbarin (dans Aleteïa)
Publié le 11/03/2022